Appelez-moi Josie !

Tel des aventuriers des temps modernes, chevauchant les vagues tumultueuses des réseaux sociaux, nous avons découvert puis fait une escale (et revenant inlassablement depuis, bien entendu !) sur la page Instagram de Josiane Asmane, conteuse et poétesse au joli nom évocateur : « Appelez-moi Josie ! ». Nous nous sommes laissés emporter par son univers singulier, happés par sa magie.

Toujours parée d'une paire de lunettes rétro dans ses publications, Josiane Asmane affiche avec audace sa signature stylistique sur son fil. Mais c'est sa voix douce, empreinte de bienveillance, qui s'élève au-delà des pixels pour nous captiver. Ses publications, telles des fragments de générosité et de sérénité enchanteresse, nous invitent à nous abandonner à la contemplation et à l'écoute attentive. En chaque lecture, Josiane Asmane érige un havre de quiétude au cœur même de la frénésie numérique. Un refuge de paix.

Sur sa page, vous découvrirez ou re découvrirez des classiques, une pléiade de lectures poétiques, de vers, de citations, allant des écrits de François Cheng en passant par Paul Eluard, et inévitablement Alphonse Allais. 

 

entretien avec Josiane Asmane

Ecrivaine, journaliste, chroniqueuse et fondatrice de l'association « La poésie, ça sauve la vie ».

Parution : « Les Fleurs de l'âge » aux éditions Flammarion (2021).

 

Vous êtes auteur de poèmes, créatrice de l’association “La poésie ça sauve la vie”, sur ces “ mots pour des maux”, pouvez-vous nous parler de votre initiative ?

Oui, en effet, j'écris principalement des poèmes sur le thème de l'espoir. Je me rends compte que c'est mon thème favori, car ces poèmes sont distribués aux personnes sans-abri dans le cadre de mon association "La poésie ça sauve la vie". Notre projet phare s'appelle "les maraudes poétiques" et consiste à effectuer des distributions dans les rues de Paris avec un petit groupe de bénévoles. Nous offrons des repas, de l'eau, des fruits, des produits d'hygiène, des boissons chaudes, des vêtements, des livres emballés dans du beau papier cadeau, et bien sûr des poèmes. Naturellement, j'écris souvent des poèmes axés sur l'espoir pour les personnes sans-abri afin de leur redonner espoir. J'inclus également des poèmes d'autres poètes que j'apprécie, ainsi que ceux de personnes de mon entourage. Mon objectif à travers ma création est de montrer que la poésie est toujours vivante et qu'elle a un impact social. Je m'efforce toujours de créer des poèmes accessibles, que ce soit à l'écrit ou à l'oral, lors de spectacles de poésie, de lectures, sur les réseaux sociaux, lors d'animations de soirées poésie ou d'ateliers poésie. Partout où nous pouvons semer un peu de poésie, tout le monde en bénéficie.

Que cache le titre de votre livre les fleurs de l'âge ?

JA : Le titre de mon livre, "Les Fleurs de l'Âge", cache en réalité une intention particulière. En général, nous connaissons tous l'expression "la fleur de l'âge", qui fait référence à un moment de notre vie où nous sommes supposés être au sommet de notre forme, généralement autour de la quarantaine. Cependant, cette expression implique également que la période qui suit est moins favorable, que nous sommes sur une pente descendante (rires). En utilisant le pluriel dans le titre, j'ai voulu montrer que la vie est parsemée de nombreuses "fleurs de l'âge". En d'autres termes, il existe de nombreux moments dans notre existence où nous avons la possibilité de nous réinventer, de changer de vie, de nous ouvrir à de nouveaux projets et d'adopter de nouvelles identités. Nous sommes constamment en mouvement, en évolution, et nous pouvons toujours fleurir.Mon livre est un essai qui explore la manière dont les femmes se réinventent à tous les âges de la vie. J'ai interrogé des femmes âgées de 50 à 101 ans pour comprendre comment elles se réinventent à différentes étapes de leur existence. Il s'agit d'un essai joyeux et positif qui aborde ce sujet avec optimisme.

Petit questionnaire Allaisien : Un jour au jardin du Luxembourg, Alphonse Allais trouve un ver de terre amoureux d’une étoile, vous récitez des vers dans le kiosque du jardin du Luxembourg, que pensez-vous du hasard ?

J'ai une grande admiration pour le hasard, ou plutôt, comme le disait si bien Paul Eluard, "il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous". Je crois fermement au hasard poétique et je crois surtout aux rencontres fortuites avec le hasard et la poésie. Lorsque je présente mon spectacle au jardin du Luxembourg, je raconte souvent l'anecdote d'Alphonse Allais que Jean-Yves m'a racontée. Il s'agit de sa découverte d'un petit ver de terre amoureux d'une étoile dans ce même jardin. Allais l'a alors mis dans sa poche et est monté tout en haut de la tour Eiffel en hommage à un vers de Victor Hugo dans "Ruy Blas” évoquant un ver de terre amoureux d'une étoile. Je dois avouer que j'ai moi aussi le projet de réaliser cet exploit (rires), mais il y a une contrainte : je souhaite que le ver de terre survive durant le trajet jusqu'à la tour Eiffel et au-delà. Cela représente une difficulté considérable, car il n'est pas évident qu'un ver de terre amoureux d'une étoile puisse rester en vie. Cependant, je suis convaincu que je vais y arriver (rires).

Alphonse Allais écrivait souvent devant un verre d’Absinthe et vous ?

Alors, personnellement, je n'ai pas de rituel spécifique comme Alphonse Allais avec son verre d'absinthe. Pour ma part, j'apprécie écrire devant un verre de champagne, car cela crée une ambiance agréable. Mais il n'y a pas de règle stricte. On peut tout aussi bien écrire devant la Tour Eiffel, ou même devant un petit ver de terre amoureux d'une étoile. L'important est d'écrire en présence de ses idéaux, d'écrire avec espoir et passion. Il faut être porté par quelque chose de puissant lorsqu'on écrit. Je pense que toutes les recettes, même les plus farfelues, peuvent être extrêmement bénéfiques pour l'écriture.

Vous êtes marraine pour les 29 févriers de l’étagère des hors-texte du Petit Musée d’Alphonse à Honfleur. Sachant qu’il ne faut jamais remettre à demain ce que l’on peut faire après-demain. Une fois tous les quatre ans, n'est-ce pas trop épuisant ?

Et bien non, être marraine pour les 29 févriers de l'étagère des hors-texte du petit musée d'Alphonse Allais à Honfleur n'est pas du tout épuisant. Grâce à Jean-Yves qui est derrière tout cela, tout devient possible. Jean-Yves est un homme solaire, et si tout le monde avait un Jean-Yves dans sa vie, le monde se porterait beaucoup mieux. Avec lui, il n'y a pas de notion d'effort, de redondance ou de banalité. Tout cela disparaît. Être marraine pour cette occasion est pour moi un grand bonheur et un immense honneur.

Dernière question, pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec Alphonse Allais et Jean Yves Loriot ?

Ma rencontre avec Alphonse Allais et Jean-Yves Loriot s'est déroulée de manière assez particulière. À l'origine, je participais à des scènes ouvertes de poésie au Chat Noir, un bar situé au-dessus des Trois Baudets à Pigalle. Cet endroit charmant, avec ses léopards et sa boule à facettes, était idéal pour les poètes et poétesses qui souhaitaient partager leurs textes. Le Chat Noir est également connu pour le célèbre journal du même nom, auquel Alphonse Allais a collaboré. C'est là que Jean-Yves a remarqué ma participation au Chat Noir et il m'a contactée sur Instagram. Nous avons commencé à discuter, et quiconque a rencontré Jean-Yves sait immédiatement pourquoi on l'apprécie (rires). Il est d'une gentillesse incroyable et extrêmement fantaisiste. Il m'a parlé d'Alphonse Allais et m'a raconté de nombreuses anecdotes qui faisaient écho à ma vie quotidienne et à mes idées créatives. La fantaisie est un fil conducteur dans ma vie et mes créations. Jean-Yves m'a alors gentiment proposé d'être la marraine des 29 févriers de l'étagère des Hors-texte du petit musée d'Alphonse Allais à Honfleur. J'ai accepté avec enthousiasme. De plus, j'ai créé une boîte de "compliments alimentaires" pour le petit musée, contenant des citations d'Alphonse Allais que l'on peut lire chaque jour. Ainsi, chaque matin, pour bien commencer la journée, on peut savourer un compliment poétique et fantaisiste. C'est une manière de lire ces mots à jeun et d'enrichir notre quotidien avec de la poésie et de la fantaisie.


Avec  l'aimable autorisation de Josiane Asmane, vous pourrez également écouter sa lecture d'Alphonse Allais. 

Précédent
Précédent

Philippe Davis Président de l’Association des Amis D’Alphonse Allais